Jennifer’s Body est un sympathique film de monstre sur le passage à l’âge adulte – il évoque, sans l’égaler, The Faculty de Robert Rodriguez.
[article initialement paru sur le Cafard Cosmique]
Film de Karyn Kusama, responsable d’un intéressant Girl Fight mais d’un raté Aeon Flux (même si pas si raté que ça) : Jennifer’s Body. Fait rare, ce film m’a plutôt séduit alors que j’avais un fort a priori négatif sur la bête – c’est dire s’il vaut peut-être plus que ce que vous en pensez.
Si Mandy Lane symbolise l’innocence sexuelle suprême, Jennifer Check est tout le contraire : une bombe sexuelle qui fait baver tous les mâles en puissance. Malheureusement, un démon prend possession de son corps et s’empresse de répondre aux avances des garçons qui lui tournaient avidement autour – réponses qui les laisseront, disons, incomplets.
Au-delà du teen-movie vaguement surnaturel (l’élément fantastique est peu intéressant et expédié), le film sort de son carcan grâce au traitement du personnage d’Anita Lesnicki, la meilleure amie de Jennifer et narratrice du film – interprétée par une Amanda Seyfried bluffante. Fille banale au charme effacée par les atours de sa camarade, Anita vit, en parallèle de la transformation de Jennifer, un flirt adolescent – un flirt sincère et tout ce qu’il y a de plus classique. Le contexte chair/sang/sexe des deux récits s’emmêle alors dans un jeu de dupes réciproque.
Narrer en parallèle une bluette adolescente et un slasher démoniaque est un pari audacieux, qui culmine lors du montage simultané d’une scène de meurtre et d’une scène de sexe. Le propos de Jennifer’s Body ne va cependant jamais au-delà de cette mise en perspective du corps et de la chair adolescente. Ce n’est déjà pas si mal, le film se montrant plus malin, plus intelligent et plus honnête en regard de son propos que bon nombre de ses homologues (Vendredi 13 par exemple).
La prestation d’Amanda Seyfried combinée à l’esthétisme pop et romantique très années 1980 de la réalisation de Karyn Kusama achève de convaincre du bien-fondé et de la sincérité de la démarche. Jennifer’s Body est un sympathique film de monstre sur le passage à l’âge adulte – il évoque, sans l’égaler, The Faculty de Robert Rodriguez.
A.K.