Valhalla Rising (Nicolas Winding Refn, 2009)

valhallaFilm pictural par excellent, Valhalla Rising rappelle à ce titre l’injustement boudé Vinyan du belge Fabrice du Welz, autre exemple réussi de voyage onirique, d’expérimentations formelles et de cinéma interstitiel.

[article initialement paru sur le Cafard Cosmique]

Le danois Nicolas Winding Refn n’a pas les mêmes moyens que James Cameron. Son Valhalla Rising, le guerrier silencieux, à part les reflués des séances complètes d’Avatar, n’a pas dû attirer grand monde. Lors de ma séance, 50% des spectateurs ont même quitté la salle avant la fin (ce qui, sur une audience de vingt personnes, n’est peut-être pas représentatif). Pourtant, on est là devant une véritable démonstration de cinéma et de maîtrise formelle à faire ravaler sa prétention au Canadien d’Hollywood.

Valhalla Rising raconte, ou plutôt ne raconte pas, la vie de One-Eye, le guerrier silencieux du titre, bête féroce plutôt qu’homme, élevé en cage par un clan de vikings peu regardant, qui se retrouve embarqué bon gré mal gré sur un navire chrétien en route vers le Nouveau Monde. À partir de là, on ne comprend plus rien : l’embarcation se perd dans les brumes, les Vikings débarquent sur une terre inconnue et s’y font massacrer par un ennemi invisible.

Valhalla Rising
est tout ce qu’Enter the Void n’est pas : implicite, soigné, mature, profond et envoûtant. Pour qui veut s’embarquer avec One-Eye, c’est à un trip fascinant auquel Nicolas Winding Refn convie son audience. N’offrant aucune réponse, aucune explication à ce qu’il montre, il risque de s’aliéner une partie du public par sa mise en scène grandiloquente qui laisse tout le monde, protagonistes et spectateurs, dans l’expectative : quelle est cette terre inconnue où le navire s’échoue, et où semblent abolies toutes notions civilisées de mesure d’espace et de temps ? One-Eye et le garçon l’accompagnant sont-ils les deux visages d’une même personne ? Pour atteindre le Nouveau Monde des primitifs païens, les Vikings christianisés doivent-ils abandonner leur foi et revenir à leur paganisme barbare ? Toutes ces questions ont-elles réellement un intérêt ?

Peu importe, et même si on a un peu l’impression par moments que Nicolas Winding Refn en fait trop dans la grandiloquence et l’accentuation du vide, Valhalla Rising s’apprécie avant tout pour sa plastique et pour le voyage onirique/métaphysique/autre qu’il propose.
Film pictural par excellent, Valhalla Rising rappelle à ce titre l’injustement boudé Vinyan du belge Fabrice du Welz, autre exemple réussi de voyage onirique, d’expérimentations formelles et de cinéma interstitiel.

A.K.

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